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Pérhindérion n° 2 : Considérations pour servir à l’intelligence de la précédente image [Le martyre de Sainte Catherine, Dürer] (1896) – Alfred Jarry

Les roues du supplice s’étant brisées avec explosion et mort des bourreaux, et le ciel ayant foudroyé et tonné des pierres, cependant que le feu terrestre s’écartait de Sainte Catherine, elle eut le col tranché par le fer et ainsi finit.

Il y a autre chose dans cette image, ou mieux cela plus complètement écrit selon l’éternité par les tailles du bois.

La roue est le centre, excentrique un peu, comme est le centre d’un éventail, lequel est complet quoique non disque. Et il y a une manivelle pour mouvoir la roue, et cette roue est double et les deux moitiés tournent en sens inverse, comme aussi s’ouvre l’éventail. Les flammes coulent selon cette rotation comme l’eau d’un moulin, et les tailles du sol de la colline se précipitent vers elles, qui les continuent, et les arbres au-dessus sont d’autres tailles horizontales empilées qui descendent de la réserve de droite, sous un nuage, et alimentent la giration de la roue.

La pluie du ciel choit selon les deux côtés d’un triangle isocèle dont ces tailles horizontales sont la base; la base emplie s’incurve (forme de pluviomètre) et crée le bras droit du bourreau, levant manteau et épée du bras droit; un autre se couvre du bras gauche, levant aussi au vent son manteau selon la ventilation des ailettes de la roue soufflerie, et ils sont les deux oreilles d’un pentagone ou cerf-volant renversé; et la forme du triangle est visible aussi, pour signifier Dieu; le feu Père tonne entre les nuages copersonnels.

Et par dessus la ville, qui est portée par la roue, il y a une colline qui descend du ciel, et qui s’abaisse jusqu’à la terre où sont les bourreaux morts et les feuilles rappel de la roue; et il y a trois étages dans l’image, pour signifier les trois mondes. La colline coule harmonieusement avec les plis de la robe et la belle ligne des muscles jumeaux incurvée, qui sont les jambes de Dürer. Cette robe et ces jambes sont la traîne et la robe d’une plus grande Sainte Décapitée qui remplit l’image, avec la croupe à l’épaule du bourreau, la nombril à l’œil de Catherine, la taille à la ligne terminale horizontale des tailles de la colline. Son cou tranché expire selon l’arête dure des radius de l’homme fuyant, dans le prolongement du seul des traits du nuage qui tonne qui soit non plus estoc mais glaive. Et la tête et la chevelure ont roulé parmi la ville déclive et les arbres vers le moulin de la roue, pour qu’il ait giration nouvelle.

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